Les régimes : des facteurs déclencheurs d'anorexie et de boulimie - Epycure

BIEN-ETRE Les régimes : des facteurs déclencheurs d'anorexie et de boulimie

Solène Senejko SOLÈNE SENEJKO

9 minutes de lecture

En cette période estivale où les régimes sont rois. On ne parle plus que de « l’objectif bikini » et de « comment perdre les 2 ou 3 kilos pris pendant le confinement sans faire d’effort ». Comme expliqué dans l’article « Pourquoi les régimes ne fonctionnent-ils pas », les régimes à outrance ne sont pas bénéfiques pour la santé mentale et physique. Les régimes et ce culte de la minceur peuvent notamment conduire à des troubles du comportement alimentaire, qu’on appelle plus rapidement TCA, à savoir l’anorexie et la boulimie, deux maladies non négligeables qui impliquent en général une forte perte de poids.

L’anorexie et ses causes psychologiques  

Comment détecter l'anorexie ? D’un point de vue médical, l’anorexie est un symptôme qui correspond à la perte d’appétit. Ce symptôme peut être temporaire tout comme il peut devenir chronique. 

L’anorexie mentale est le rejet de toute nourriture avec une phobie de la prise de poids, des calories et/ou de prendre trop de place. 

Cette peur de grossir et de prendre du poids  qui devient obsessionnelle peut avoir de multiples causes : 

  • La personne a peut-être eu plus jeune une relation difficile avec une personne de son entourage qui était en surpoids.
  • Elle a pu lancer une interprétation négative en lien avec les personnes en surpoids.
  • Elle croit que pour être belle, et avoir un joli corps il est impératif d’être mince. 

La peur de prendre trop de place peut, quant à elle, se retrouver chez des personnes qui ont eu, enfant, le sentiment de ne pas avoir leur place au sein de la famille. La peur de déranger qui peut rejoindre un sentiment de dévalorisation. Une profonde culpabilité de vivre est présente souvent chez des personnes qui se sont senties abandonnées, rejetées ou encore non aimées.  

D’après Jacques Martel, auteur du « Grand dictionnaire des malaises et des maladies », l’anorexie est fondamentalement le besoin de combler un vide intérieur de nourriture affective. Le sujet a besoin de l’amour et de l’acceptation inconditionnelle de sa mère. Bien que l’anorexie se retrouve le plus souvent à l’adolescence, celle-ci existe aussi chez le bébé et chez le jeune enfant ou encore l’adulte. 

L’anorexie, contrairement à l'obésité, est la tentative de faire mourir de faim un vide intérieur pour le rendre tellement petit qu’il disparaîtra et qu’il ne demandera plus rien du tout. 

Chez le garçon, une bonne méthode est d'accepter graduellement sa féminité ou son caractère intuitif et émotif afin de régler son état anorexique. 

La boulimie et ses causes psychologiques

Comment détecter la boulimie ? La boulimie se caractérise par une ingestion importante de nourriture dans un temps très limité et jusqu’à l’inconfort gastrique cela peut être lors d’un repas ou en dehors d’un repas en cachette. Elle peut conduire ou non la personne à se faire vomir par crainte de grossir, de prendre des kilos en plus. 

Ce trouble exprime souvent un vide, un manque dont l’origine se retrouve dans les sentiments d’abandon, de ne pas être aimé ou encore de rejet. 

D’après Jacques Martel, la boulimie présente les mêmes causes intérieures que l’obésité et l’anorexie. Le sujet mange avec excès pour se satisfaire complètement ou retrouver une forme d’amour et d’affection. La nourriture symbolise, en effet, la vie, l’amour et les émotions. Le ou la boulimique essaie de combler émotionnellement un profond vide à l’intérieur de lui, une haine de lui si grande telle que le dégoût ou le mépris qu’il souhaite remplir ce vide à tout prix. Il préfère se laisser dominer par la nourriture, la vie, plutôt que de s’ouvrir à la vie. 

Anorexie & boulimie, comment en venir à bout ? 

Si vous ou un membre de votre entourage souffre d’anorexie ou de boulimie, voici quelques conseils pour retrouver une relation saine entre l’alimentation. 

  1. Traiter la sphère psychologique et le stress

L’anorexie et la boulimie sont toutes les deux une forme d’autodestruction qui peut être motivée de façon inconsciente par une culpabilité de vivre. 

Il est donc nécessaire de libérer la mémoire émotionnelle du patient, le conflit générateur de tel symptôme, afin qu’il revienne à un équilibre alimentaire et retrouve une santé aussi bien physique et mentale. 

Il est important de bien différencier l’élément déclencheur et la cause de la maladie. L’anorexie et la boulimie sont des maladies sous-jacentes. Elles naissent d’un malaise d’enfance et peuvent parfaitement rester endormies pendant plusieurs années sous le contrôle de la personne. Un élément déclencheur va les réveiller tel : que la mise au régime. Il est donc important de rester vigilant car les phrases telles que « faudrait que tu perdes du poids » ou « tu as maigri c’est bien » ne sont pas à prendre à la légère. Ils peuvent avoir plus ou moins d’impact en fonction de la personne en face de vous. 

Dans tous les cas, l’anorexique et le ou la boulimique sont deux sujets sensibles qu’il est important de respecter. Ce n’est pas parce que la maladie ne se voit pas physiquement qu’elle n’est pas douloureuse. 

Il est important que la personne en souffrance maintienne une activité physique à travers du sport pour se libérer du stress et des émotions négatives. Des sports doux comme le yoga ou de la natation peuvent aider beaucoup au niveau psychique. Attention à ne pas tomber dans un excès de sport. Pas besoin d’y passer des heures, quelques minutes par jour sont suffisantes. 

La personne devrait dans un premier temps mettre en place une routine stricte avec des habitudes, des astuces, des moments de bien-être lui permettant de l’aider dans les temps difficiles à gérer son stress. Petit à petit, elle retrouve le plaisir et l’envie de vivre. Elle aura alors de moins en moins besoin de cette routine. 

  1. Traiter la sphère physique avec la méthode de la naturopathie

La naturopathie est une bonne méthode en soutien d’un suivi psychologique pour permettre à l’individu souffrant de se reconnecter avec l’alimentation et son corps. D’autant plus qu’elle s’adapte à chaque métabolisme. La naturopathie ne conseille en aucun cas un régime strict, elle ne compte aucune calorie. Elle vise la qualité et non la quantité. Elle délivre simplement les astuces d’une hygiène de vie personnalisée pour permettre à l'individu de mieux manger et d’être en meilleure santé. Si besoin, les kilos superflus disparaîtront naturellement et les kilos nécessaires reprendront leur place. La naturopathie aide à retrouver son poids de santé. Elle fait le culte de la santé et non de la minceur.  

En anorexie, certains compléments alimentaires à base de plantes aident à stimuler l’appétit grâce à leur substance amère, dites apéritives. Ils activent en plus le travail du foie et de la vésicule biliaire pour favoriser une bonne digestion. D’autres compléments ont vocation à renforcer l’assimilation des nutriments afin de favoriser la reprise de poids. 

  • Le Fenugrec est la plante de prédication pour les sujets qui ont perdu beaucoup de poids et ont peu d’appétit. Il se présente sous forme de petites graines orangées à l’odeur reconnaissable qui peut parfois « typer » la transpiration de celui qui en consomme. 
  • Les racines de Gentiane Jaune, Chicorée sauvage, le Rhizome de gingembre sont des toniques amers. Ils se prennent 15 minutes avant le repas pour stimuler l’appétit. 
  • La Spiruline et le Klamath sont des algues d’eau douce très riches en minéraux, en acides aminés et en chlorophylle, elles sont presque un aliment complet à elles seules,  il est recommandé pour pallier tout risque de dénutrition en cas de perte de poids. La forme « comprimés » est à privilégier sur la poudre compte tenu de l’odeur qui pourrait encore davantage rebuter. 
  • Le Moringa est une plante originaire d’Inde. Ces feuilles sont riches en nombreux nutriments, en quantité remarquablement élevée : calcium, fer, potassium, magnésium, vitamines, protéine, les 8 acides aminés essentiels, plus divers oligo-éléments. Elle fortifie les organismes affaiblis, stimule l’appétit et contribue à pallier tout risque de carence. 
  • Les essences de citron et de pamplemousse contiennent du limonène en très grande quantité qui ouvre l’appétit, aide la digestion en s’opposant aux brûlures  d’estomac, aux nausées et en activant la détoxification du foie. 

Au niveau de l’assiette,  manger ce dont on a envie et ce qui nous fait plaisir sera déjà bien. Voici quelques conseils et quelques aliments à intégrer à tous les repas, petit déjeuner, déjeuner et dîner. 

  • Les aliments qui « glissent » comme la purée, les compotes, les bouillons et les soupes seront  pris facilement : «  à mettre en œuvre et à enrichir. » 
  • On peut enrichir en volume (mettre plus d’aliment) ou en énergie (ajouter du sucre, des protéines, de l’huile, qui sont caloriques sous un faible volume et donc n’augmentera pas le contenu de l’assiette). Préférentiellement on enrichit en calorie avec de la poudre de lait écrémé, œuf entier ou jaune d’œuf, tranche de jambon mixée, des fromages fondus type Kiri pour les préparations salées, ce qui permet d’apporter des protéines qui maintiendront la masse musculaire de la personne. 
  • On parfume les plats avec des bonnes graisses telles que des huiles d’olive, de noix, de sésame, de chanvre pour augmenter le goût des plats. 
  • Pour les préparations sucrées, on enrichit avec du lait concentré sucré, du sucre, du miel, de la poudre de lait écrémé, des fruits secs dans des desserts comme le riz au lait, la semoule au lait. 
  • Côté herbes aromatiques, c’est le cerfeuil qui excite la faim, en frais, sec ou surgelé. En sec et surgelé, mettez-en davantage qu’en frais pour obtenir ses vertus orexigènes, c’est-à-dire stimulant l’appétit. 
  • Manger froid plutôt que chaud aide en général les personnes qui perdent l’appétit suite à des traitements. En effet, les odeurs « fumantes » des aliments sortant d’un four peuvent les écœurer davantage ou au contraire stimuler l’appétit tout dépend de qui cuisine ! Le gaspacho, les recettes de soupes froides à base de tomate, poivron, concombre, oignon sont de belles alternatives aux soupes chaudes si ces dernières ne sont pas tolérées. A adapter au cas par cas. 
  • Les petits fruits comme les baies : fraises, framboises, cassis, myrtilles, mûres ; les kiwis, les clémentines,  la pomme, la poire l’ananas, la pêche, l’abricot sont pleins d’eau sucrée au goût et relativement bien pris. 
  • Dans un Blender, vous pouvez faire un smoothie de plusieurs de ces fruits en y ajoutant un peu d’eau et une pincée de cannelle ou gingembre pour le rendre plus tonifiant et l’enrichir en poudre de lait écrémé. 
  • Les crudités de légumes, radis, carottes, épinards, jeunes pousses, salades, tomates, concombres, avocats accompagnés d’une sauce au yaourt, de la ciboulette, ciselée et un filet de citron, rafraîchissent et se prennent facilement. Agrémenter avec des graines germées, sont  un  concentré de vitalité et nourriture vivante à forte teneur enzymatique. 
  • Veillez à un apport suffisant en protéines pour pallier le risque de dénutrition si la perte d’appétit aboutit à un amaigrissement. Intégrer la viande en petits morceaux : dès de poulet, viande hachée dans des pâtes, jambon mixé dans des soupes, fromage râpé sur des préparations, dès d’emmental dans une salade, fromage blanc, associé à une compote riz au lait aux raisins secs en dessert.  
  • Le bouillon de volaille avec des pâtes vermicelles constitue une bonne boisson de réhydratation avec le sel qu’elle apporte et qui tient au corps avec les féculents qui y sont intégrés. Y ajouter des petits dés de tofu, des algues en paillette ou des petits morceaux de poulet permet de l’enrichir en protéines. 
  • Utilisez des épices très aromatiques en poudre comme le gingembre, la cannelle, l’anis, le curry.  

Anorexie et boulimie, des causes scientifiques ?

L’équipe de Sergueï Fetissov de L’Inserm a étudié les liens entre l’intestin et le cerveau sur le trouble du comportement alimentaire comme l’anorexie et la boulimie. Selon cette étude, une protéine bactérienne appelée CIpB pourrait être en cause dans l’apparition de ces troubles du comportement alimentaire. 

Solène Senejko
SOLÈNE SENEJKO

Ingénieure Alimentation & Santé